Photo Inès Cavalcanti, directrice artistique du Prèmi Ostana
Grâce ou à cause de l’annulation de la Fête des Langues du Monde que nous organisons, mes collègues de Mescladis et moi-même, depuis 2002, à Decazeville, le dernier week-end de juin, je me retrouve disponible pour aller à Ostana, dans les vallées occitanes d’Italie, où se tient, chaque année, le Prèmi Ostana-Escrituras en lenga maire, à la même date (raison pour laquelle je n’ai jamais pu y assister auparavant). Ostana, je connais bien pourtant, c’est un superbe village situé face au mont Viso, tout en haut de la Val Po où naît le plus grand fleuve italien, c’est là que vit mon pote Fredo Valla, cinéaste et activiste occitaniste, et j’y ai connu quelques autres gens remarquables comme Jacou Lombart, son maire depuis fort longtemps et occitaniste aussi. Ostana, c’est tout un symbole de cette Occitanie d’Italie : presque entièrement vidée par l’émigration vers la Fiat et Turin dans les années 1960, il a connu un reviscòl exemplaire, nourri par le reviscòl culturel général qu’ont connu les «Valadas» depuis les années 1970 grâce au travail en profondeur d’une génération de militants, impulsé à partir du legs tant matériel qu’immatériel dont leurs habitants avaient hérité de leur culture propre. Aujourd’hui, Ostana s’est repeuplé, est devenu un haut lieu d’innovation et d’imagination non bridée : les initiatives y ont fusé, s’appuyant sur les compétences de ceux qui ont choisi d’y vivre (la plupart originaires des vallées retournés au pays que leurs parents avaient dû quitter) : beaucoup le qualifient de «laboratoire» d’architecture alpine nouvelle, une école de cinéma y est née, de jeunes agriculteurs s’y installent… le tout sur fond de culture occitane assumée, placée au cœur du réacteur de cette renaissance, garante de la mémoire du lieu tout autant que de son autonomie d’action. Et c’est donc Ostana que Chambra d’Òc, association où travaillent ensemble acteurs culturels et économiques des zones occitanes et franco-provençales du Piémont, a choisi pour organiser sa manifestation de portée internationale consistant à octroyer un prix, chaque année, à 8 acteurs culturels issus de 8 cultures minorisées du Monde.
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Ainsi, avec Inès (comme avec Fredo auparavant), nous avons discuté, avec un grand respect réciproque des choix faits par les uns et les autres comme, par exemple, celui, de nos Forums/Fêtes des Langues dse ne pas donner la parole aux seules langues minorisées mais de signifier en pratique l’égalité de toutes les langues du Monde, quel que soit leur statut actuel, dans une manifestation qui prend corps dans la cité avec les locuteurs des diverses langues (minoritaires ou majoritaires) qui y vivent et y représentent ensemble et sur la place publique l’égalité de tous les humains-locuteurs de toutes les langues… ou celui de l’utilisation par le Prèmi Ostana du terme de «biodiversité culturelle» comme métaphore de la pluralité linguistique «pédagogiquement productive auprès de gens de plus en plus sensibles à la biodiversité naturelle» d’après Inès et dont, moi, je crains la contre-productivité à terme, du fait qu’il crée une confusion entre «espèces à protéger» et «langues», notion propre à la seule espèce humaine et à son mode de développer de façon plurielle sa capacité de langage. Collaboration pratique, échange de points de vue… tout un enrichissement mutuel… à développer, je pense… entre ces deux initiatives «cousines germaines»… car, oui, clairement, le Prèmi Ostana, pour tous les amoureux de la pluralité et tous les artisans de la décentralisation culturelle, est inspirant au plus haut point. Pour de plus amples informations : www.chambradoc.it
La suite sur le journal papier de la Linha Imaginòt
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P26 / J’Y ÉTAIS
Le Premi Ostana par Jean-François Mariot #4
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Photo Inès Cavalcanti, directrice artistique du Prèmi Ostana
Grâce ou à cause de l’annulation de la Fête des Langues du Monde que nous organisons, mes collègues de Mescladis et moi-même, depuis 2002, à Decazeville, le dernier week-end de juin, je me retrouve disponible pour aller à Ostana, dans les vallées occitanes d’Italie, où se tient, chaque année, le Prèmi Ostana-Escrituras en lenga maire, à la même date (raison pour laquelle je n’ai jamais pu y assister auparavant). Ostana, je connais bien pourtant, c’est un superbe village situé face au mont Viso, tout en haut de la Val Po où naît le plus grand fleuve italien, c’est là que vit mon pote Fredo Valla, cinéaste et activiste occitaniste, et j’y ai connu quelques autres gens remarquables comme Jacou Lombart, son maire depuis fort longtemps et occitaniste aussi. Ostana, c’est tout un symbole de cette Occitanie d’Italie : presque entièrement vidée par l’émigration vers la Fiat et Turin dans les années 1960, il a connu un reviscòl exemplaire, nourri par le reviscòl culturel général qu’ont connu les «Valadas» depuis les années 1970 grâce au travail en profondeur d’une génération de militants, impulsé à partir du legs tant matériel qu’immatériel dont leurs habitants avaient hérité de leur culture propre. Aujourd’hui, Ostana s’est repeuplé, est devenu un haut lieu d’innovation et d’imagination non bridée : les initiatives y ont fusé, s’appuyant sur les compétences de ceux qui ont choisi d’y vivre (la plupart originaires des vallées retournés au pays que leurs parents avaient dû quitter) : beaucoup le qualifient de «laboratoire» d’architecture alpine nouvelle, une école de cinéma y est née, de jeunes agriculteurs s’y installent… le tout sur fond de culture occitane assumée, placée au cœur du réacteur de cette renaissance, garante de la mémoire du lieu tout autant que de son autonomie d’action. Et c’est donc Ostana que Chambra d’Òc, association où travaillent ensemble acteurs culturels et économiques des zones occitanes et franco-provençales du Piémont, a choisi pour organiser sa manifestation de portée internationale consistant à octroyer un prix, chaque année, à 8 acteurs culturels issus de 8 cultures minorisées du Monde.
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Ainsi, avec Inès (comme avec Fredo auparavant), nous avons discuté, avec un grand respect réciproque des choix faits par les uns et les autres comme, par exemple, celui, de nos Forums/Fêtes des Langues dse ne pas donner la parole aux seules langues minorisées mais de signifier en pratique l’égalité de toutes les langues du Monde, quel que soit leur statut actuel, dans une manifestation qui prend corps dans la cité avec les locuteurs des diverses langues (minoritaires ou majoritaires) qui y vivent et y représentent ensemble et sur la place publique l’égalité de tous les humains-locuteurs de toutes les langues… ou celui de l’utilisation par le Prèmi Ostana du terme de «biodiversité culturelle» comme métaphore de la pluralité linguistique «pédagogiquement productive auprès de gens de plus en plus sensibles à la biodiversité naturelle» d’après Inès et dont, moi, je crains la contre-productivité à terme, du fait qu’il crée une confusion entre «espèces à protéger» et «langues», notion propre à la seule espèce humaine et à son mode de développer de façon plurielle sa capacité de langage. Collaboration pratique, échange de points de vue… tout un enrichissement mutuel… à développer, je pense… entre ces deux initiatives «cousines germaines»… car, oui, clairement, le Prèmi Ostana, pour tous les amoureux de la pluralité et tous les artisans de la décentralisation culturelle, est inspirant au plus haut point. Pour de plus amples informations : http://www.chambradoc.it
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Le Forum de discussions du Journal la Linha Imaginòt, le journal de la décentralisation culturelle. La Linha Imaginòt, le journal pluri-culturel, anti-centraliste & anti-unitariste « L’Occitanie laboure le sol avec une charrue culturelle ». n° ISSN 1166-8067